Han n'est pas certain de son âge. Il devait sans doute avoir cinq ans à son arrivée à l'orphelinat. Le directeur de l'endroit, en considérant son âge supposé, lui avait arbitrairement choisit une date de naissance et un nom. L'enfant grandit donc dans cette prison à ciel ouvert et sans barreaux aux fenêtres. Il y passa les treize premières années de sa vie. Et durant cette période, il n'y eut jamais de procédure d'adoption entamées. Et plus le temps passa et plus cela devint difficile de l'imaginer. Car on adopte rarement d'adolescents ou de pré-adolescents... ces derniers trainent toujours derrière eux des passifs lourds de souffrances qui les rendent difficilement assimilables dans n'importe quels milieux...
Cet état de faits terriblement triste a blessé bien des jeunes gens qui eux mêmes se sont sentis de nouveau rejetés, méprisés par le monde... Ce ne fut pas le cas de Han... De ces rejets répétés, il y a appris le détachement et la certitude que son seul véritable allié est lui-même...
L'orphelinat fut donc pendant treize ans une parfaite école de cruauté et de survie. De plus, les murs de cette institution ne protégeaient pas de la rue et de ses dangers. Les orphelins, garçons ou filles qui passaient la dizaine d'années devenaient les passeurs favoris des dealers en tout genres. Et si l'enfant survivait à cet apprentissage, on ne pouvait imaginer une lieu plus implacable pour apprendre à mentir, dissimuler, manipuler... Et Han a largement gagné son diplôme à la sortie de cette école...

Mais on ne peut être le plus malin tout le temps...
Et Han l'apprend à ses dépends. Il a seize ans quand il est piégé lors d'un deal par l'un de ses partenaires de trafics. Pris par la police, il écope d'une lourde peine malgré son âge. Soit 10 ans de réclusion... Désormais, son avenir semble des plus compromis.

Mais la vie réserve de bien curieux et inattendus retournements...

A son arrivée, l'adolescent sait à peine écrire son nom. Il découvre rapidement la possibilité de suivre des cours donnés par des bénévoles. En l’espace de quelques mois, il révèle une formidable capacité à apprendre. Mais il ne s'en vante pas... Il sait qu'en prison on respecte la loi du plus fort, mais rarement une personne instruite.

... un jour, un nouvel enseignant bénévole se présente... un homme d'une cinquantaine d'années. Han sait déjà malgré une coiffure négligée et rien qu'en observant la posture de l'inconnu qu'il est un militaire. Mais ce que ne peut pas deviner ou anticiper le jeune homme, c'est que ce membre de la police militaire est là pour recruter des informateurs.

Mais ce que trouve ce jour là ce recruteur, c'est l’archétype de l'agent sous couverture... Quelqu'un sans relations intimes donc sans pression possible, sachant observer, analyser, s'adapter et tenant ses émotions sous contrôle... Il fallait seulement trouver le levier capable de persuader le jeune homme de devenir la pire chose possible pour un enfant venant de la rue... c'est à dire un flic. Pour la première fois, il suivit son impulsion pour recruter un agent

J'ai un marché à te proposer, gamin...
Tu sais que tu es intelligent... Tu penses même pouvoir t'en sortir n'importe où, et face à n'importe qui. Et peut-être que tu as raison.
Ce n'est pas le fric facile qui t'attire... c'est plus tôt d'avoir le pouvoir... Et ça, c'est toute la différence entre une petite frappe et le chef de la horde
Tu as sans doute la carrure pour devenir un caïd dans quelques années... ou un cadavre dans quelques jours.

Il lui murmura comme un secret

Nous sommes aussi une horde, tout aussi cruelle que celles qui peuplent cette prison. Je t'offre de devenir l'un des nôtres... Certes, tu ne seras pas accueillit par la grande porte. Jamais un taulard ne pourra jamais suivre une quelconque école de police ou militaires. Tu vas vivre pendant des années parmi les bêtes... Tu deviendras même leur frère de sang et pourtant, tu finiras par prendre leurs têtes.
Que dis-tu d'avoir ce pouvoir?

Il continua à fixer le jeune homme

Te faire sortir d'ici légalement ne sera pas un problème... Je te donne quelques jours pour choisir ta famille... Si tu signes, tu vivras une dizaine d'années chassés par toutes les polices. Mais si à la fin de l'histoire tu me ramènes les dépouilles de ceux que j'aurais marqué, tu deviendras l'un des dominants de notre horde.

Han eut envie de rire. L'idée d'appartenir à une famille le dégoutait au plus au point, mais trouver sa place dans une horde était bien plus jouissive.

Dans les années qui suivirent, il intégra un réseau de trafic d'armes et d'êtres humains répartit entre la chine, le japon et la Thaïlande. Il lui fallut huit ans pour intégrer le système, gagner la confiance des pires crapules possibles et finir par devenir le bras droit du Parrain. Et cela dura encore cinq autres années... Ce fut le délais nécessaire pour détruire la toile d'araignée et faire tomber la tête du réseau...

Presque une vie entière pour Han. Mais le plus difficile restait à venir... Parvenir à s’intégrer dans un système d'ordre quand on a passé une grande partie de sa vie à vivre en marge. Mais pour Han, la vision du monde est finalement assez simple.  Dans une guerre, il défendra son territoire et ceux appartenant à sa horde et cela sans réserve

Kim Han est un homme fait de paradoxes qu'il gère sans problème. Il provoque une étrange sensation d'insécurité quand on le rencontre une première fois et même les fois suivantes... Les jeunes recrues ne doivent s'attendre à aucune forme de compensation ou d'indulgence de sa part. La direction à la formation aux interrogatoires sont parmi les plus difficiles qui soit. Si difficiles, si cruelles que l'on se demande si un jour il n'ira pas trop loin... Mais il connait sa limite. Il sait ce qu'il veut, ce qui impératif pour lui. Surtout ne pas envoyé au suicide des recrues  trop fragiles ou trop sur d'elles... c'est pourquoi il va loin pour faire sentir à ses élèves, leurs propres limites. Il veut pardessus tout que chacun survivent et reviennent en vie.
Il n'est pas un grand sentimental, mais il vivrait au plus mal la mort de l'un des agents qu'il aurait formé. Il aurait tendance à penser que personne n'est en mesure de résister... c'est que Han a un don, quelque chose qu'il n'a jamais eut besoin de travailler, n'y même d'apprendre. Il sait mentir et convaincre n'importe qui... Il peut sentir le mensonge comme un chien peut sentir la viande à des centaines de mètres. Il est une sorte de mentalist-naturel... Jamais aucun agents infiltrés n'a pu tenir aussi longtemps, à une place aussi élevée.
C'est sans doute pour cela qu'il y a gagné le surnom de Gumiho. Il est comme l'animal mythique de la légende, capable de vivre plusieurs vies, sanguinaire, apparaissant et disparaissant à volonté.

Quand au reste...
Han est un homme solitaire et froid. Ses rares moments de liberté, il les passe par de longues promenades à moto. Même si cela est dangereux pour homme On peut le trouver peu sympathique et pas du tout chaleureux, mais lui s'en moque. Son travail n'est pas de se faire aimer. Et plus le temps passe, plus se dessine et s'affirme un caractère de chef. Ce qui implique de plus en plus de difficulté à accepter les ordres. Il faut dire que depuis des années, Han étouffe sa haine des hiérarchies et des gradés. Et malgré ses silences devant ses supérieurs, il n'est impressionnable par personne.

Quant au physique... Sa grande taille et sa carrure semblent lui interdire de passer inaperçu. Alors, il ne cherche pas à être discret. Des tatouages sont là pour rappeler son très long séjour dans le monde des criminels.

La première règle est de ne partager ses états d'âmes avec personne. Et Han sait s'arranger avec sa conscience si ce qu'il fait lui semble nécessaire...
Pourtant, certaines nuits, un événement lui revient en mémoire. Et l’empêche d'être en paix... Quelques mois avant la chute du réseau qu'il avait infiltré, une femme flic, elle-même agent sous couverture, fut découverte. Torturée, son corps martyrisée fut abandonnée à un viol collectif. Conscient que la jeune femme était perdue, Han lui a mis une balle dans la tête pour arrêter son martyre.
Et cela à bien fait rire le parrain présent ce jour là... Il a trouvé son bras droit décidément trop sensible.