Autant dire que ta vie a été un sacré foutoir, du début jusqu'à la fin. Il ne s'est pas écoulé un jour sans que t'essaie de passer un coup de balai, de nettoyer ce bordel pour ranger un peu, rendre le tout plus propre. Mais malgré tous tes efforts, c'est resté aussi noir et sale.  Alors t'as simplement laissé tomber, toi aussi, t'as baissé les bras, en te disant que c'était pas la peine de te battre contre quelque chose de plus fort que toi. Mais tu sais, si tu avais rien qu'un effort de plus, ça aurait pu marcher. T'as été trop faible, c'est tout. T'as pas su affronter la réalité, aussi dure soit-elle, et t'as fui, t'as baissée les yeux et la tête pour éviter de la regarder en face. Aujourd'hui encore, tu te cache, tu te voile sous un masque de mensonges et de procédés dangereux. Et ça te rend encore pire qu'avant. Si seulement tu t'en rendais compte, bon sang. Mais t'as du sang sur les mains, maintenant, t'es plus comme nous. Alors t'es parti, encore une fois. T'as fui, encore une fois. Et je dois dire que c'est mieux comme ça. Au moins, nous, on a plus rien à craindre de ceux qui sont après toi.


Qui ça, Noah? Ah, vous devez vous adressez à la mauvaise personne. J'ai bel et bien connu ce pauvre garçon, mais je n'étais que sa voisine voyons. Sa mère était d'une assez mauvaise fréquentation comme cela, je n'allais pas m'exposer à des rumeurs sur ma propre personne juste pour la gueule d'ange du petit. Même si je dois avouer que ça me fendait le cœur de le voir toujours tout seul, dans la cour de l'orphelinat. Personne ne venait jamais le chercher le soir, vous trouvez ça normal vous? Oh, j'ai entendu dire qu'il avait une famille d'adoption, mais qu'ils avaient disparus du jour au lendemain, déménagés en troisième vitesse sans même emporter le petit dans leurs bagages. C'est d'un triste.


Maman avait des relations bizarres. Le centre d'adoption ou je vis depuis plus de 6 ans maintenant m'a donné une boite en carton qui appartenait à ma mère, et qu'elle avait laissée sans faire exprès dans la voiture ou j'étais, devant l'orphelinat. Il y avait dedans beaucoup de photos, d'elle avec des hommes que je connaissais pas du tout. Et puis, il y avait aussi cette photo ou elle était avec deux petits garçons qui lui ressemblaient beaucoup. Derrière, il y avait griffonnée la phrase : les deux anges de ma vie, mes fils adorés. Je savais que Maman avait eu des aventures avant moi, je le savais. Par le biais d'une lettre amoureuse échangé avec ses conquêtes, j'ai appris qu'elle avait été mariée une fois, et avait eu deux garçons. Puis, elle avait divorcée, en embarquant un des garçons avec elle, et qu'elle s'était remariée à un homme avec lequel elle avait eu une fille. Et enfin, elle avait eu cette aventure avec mon père, alors qu'elle était encore mariée. Du coup, si on suit la logique, elle m'a abandonnée pour éviter les ennuis avec son mari. Je sais que je pleure, je ne vais pas le dénier, la page de mon journal est trempée, l'encre coule. Heureusement que je suis caché pour pleurer, sinon, les autres orphelins se moqueraient encore de moi. Allez savoir pourquoi, on dirait que je suis le seul à avoir une mère qui va et vient d'homme en homme. Les autres ont tous des parents morts, mais jamais ils n'ont été abandonnés. Je me demande si Maman m'a aimé, rien qu'une fois. J'aurais adoré vivre une enfance normale, vous savez. Jouer avec elle, m'endormir contre elle. Sourire et pleurer avec elle. Au lieu de quoi, je me retrouve dans une pièce sombre et poussiéreuse, mon journal contre ma poitrine, à pleurer comme une fontaine. J'ai peur de ce qui risque de m'arriver.


C'est sérieux maintenant. On se bat pour nos vies, là, on ne plaisante plus, on se charrie plus comme des gosses de 4 ans. Qu'on soit orphelin, riche, moche ou gros, ça n'a plus aucune importance aujourd'hui. La guerre, une foutue de sale guerre, voilà ce que c'est. Une guerre qui secoue les deux Corée. Le plus flippant est surement de se dire que l'une des deux finira bien par renverser l'autre, et qu'un jour, on ne parlera plus que d'une seule Corée. Ouah, rien que d'y penser, j'en ai des frissons. D'excitation ou de peur, ça, j'en sais rien par contre. Enfin bref, j'espère au moins que je suis du bon coté. J'ai jamais eu de doutes concernant mes activités louches de terroriste, je me fous bien de ce que les gens en pensent, s'ils me jugent ou pas. Ils l'ont toujours faits jusque-là, alors pourquoi ne pas continuer. Qu'ils s'amusent, on verra bien qui rira à la fin. Parce que je ferais tout pour faire vaincre mon camp. Même s'il faut pour cela verser du sang et faire des morts. Me regarde pas comme ça, mec, c'est pour le fun, détends-toi. Je sais que je parle sérieusement, mais c'est bon, c'est qu'une blague. Enfin, tant que tu crois que c'est une blague. T'as pas d'humour toi en fait, pourquoi je me suis mis avec toi. Va voir ou je pense, je vais faire ça tout seul, faut pas être imbécile pour savoir appuyer sur un bouton pour s'enregistrer parler. Allez, casse-toi va. Ces gens, aujourd'hui, plus aucun sens de l'humour.

Quand on aperçoit Noah, on ne se méfie pas de lui. Un air impassible au visage, des écouteurs dans les oreilles, la musique à fond. Un gringalet qu'une simple bourrasque suffirait à faire plier. Enfin, ça, c'est que les gens croient, parce que ce n'est pas du tout vrai. Même si Noah n'a jamais vraiment travaillé sa carrure, il possède tout de même des muscles bien cachés aux bras et aux jambes. Certes, il ne serait pas capable de briser la main de quelqu'un en la serrant dans la sienne, mais il serait capable de courir sans s'essouffler pendant de longues minutes. Ce qui attise la méfiance, par contre, ce sont ses choix de matière et de couleurs. Il porte généralement du cuir, parce qu'il n'aime pas les vêtements qui flottent. Moins de liberté de mouvement, selon lui. Si jamais il doit fuir, il ne manquerait plus qu'il se prenne dans le bas de son pantalon et se ramasse. Bon, bien sûr, le cuir, ça attise les remarques homophobes, mais il se fiche bien des remarques des autres gens, tout comme de leurs jugements. Quand aux couleurs, c'est noir. Ses cheveux sont courts et lisses, noirs bien sûr. Ses yeux sont brillants et rusés, et noirs bien sûr. Et ses vêtements sont noirs aussi. Comme il a un argument à tout, ce choix de couleur sombre et macabre se serait orienté vers une mobilité plus aisée dans le noir. Un peu comme un ninja.  Mais s'il n'a jamais prêté attention à son physique, c'est principalement parce que sa plus grande force réside dans son mental. Manipulation, mensonges, moqueries. Toutes ces joutes verbales, c'est son dada, et ce n'est d'ailleurs pas pour rien que son nom de code se réfère à une race d'oiseau qui a pour vilaine habitude de copier les chants des autres oiseaux en les raillant. Comme sa spécialité se concentre sur la torture, des rumeurs courent comme quoi il serait aussi sadique que masochiste. Il n'a dénié ni l'un ni l'autre. Sa patience est incroyablement grande : s'il était lui-même torturé, il ne dirait surement rien, du moins pas avant que ses geôliers n'usent d'une technique de torture particulièrement créative et persuasive qu'il n'a jamais vu auparavant. Découvrir et apprendre tous les jours fait aussi partie de son métier. Il a aussi une ouïe particulièrement sensible : les détails croustillants des histoires qui se trament autour de lui ne lui échappent jamais. Soit il s'en sert personnellement pour faire chanter la personne concernée, soit il vends ces informations au meilleur acheteur, quel qu'il soit. Ce n'est plus son problème dés que c'est passé de mains en mains. On peut dire qu'il est abordable, mais seulement jusqu'à un certain point. Il est très facile de s'asseoir à coté de lui, en silence, sans rien dire. Il ne cherchera pas à vous faire la conversation, il s'en fiche bien, il n'est pas curieux pour deux sous. Mais si vous commencez la conversation, alors, c'est que le poisson a mordu à l'hameçon : dés lors, il ne vous lâchera plus, vous serez à sa merci. Et plus vous dévoilerez des choses sur votre vie privée ou même professionnelle, et plus vous vous embourberez dans son piège. Il lui arrive de passer la nuit avec certaines personnes, lorsque le travail devient trop, juste trop. Alors il va se détendre avec quelqu'un de bonne compagnie, dont il aura déjà acheté le silence au préalable, ou dont il aura vendu la vie à qui le veux bien. Il ne se permet jamais de boire d'alcool, et prend toujours garde à ce qu'on ne glisse pas de drogue dans ce qu'il boit, car il tient très mal toutes ces substances-là. Noah est plus un chasseur de tête solitaire, qui se pave sa propre route sans se soucier du fait qu'il détruit celle des autres. Il lui arrive très, voir trop souvent d'avoir des ennuis avec d'autres terroristes, à qui il a coupé l'herbe sous le pied en leur volant leur prochaine victime. Mais cela ne le dérange pas plus que ça. En bref, on peut dire qu'il a une attitude principalement nonchalante et détaché malgré les horreurs qu'il commet.

- Il fait un énorme, mais vraiment énorme complexe sur son prénom, qui est d'origine hébraïque. Il trouve ça complètement illogique de l'avoir nommé de la sorte alors qu'il est né en Corée, bon sang.
- Noah est victime de pharmacophobie aiguë. C'est-à-dire qu'il ressent un profond malaise envers tous les médicaments du monde. Lorsqu'il est malade, il est incapable d'avaler des médicaments. Il se contente donc de subir la maladie en la combattant par la maladie elle-même.