comment passer de illa à sky en cinq étapes.
1st step; faites fricoter une ado bécasse et un pervers irresponsable.
Le déni est une bien drôle de chose. Ô terrible coup du sort qui ne s'abat que sur les vulnérables, cette perfide espèce d'ignares se voilant la face à n'en plus pouvoir. Déni, petit grain de sel qui vient faire chavirer le navire, petit malin qui tente de détourner les plans préconçus de notre grand créateur ; oh toi, je te déteste, mais tu me le dois bien. Tu as envahi l'esprit de ma génitrice avant ma naissance, si bien qu'elle ne douta jamais un instant de ma venue future. Seize ans, inconsciente et volage, à cause de toi sa grossesse se déroula entre joints mal roulés et vodka bon marché. Pire encore, je suis arrivée alors qu'elle était en plein repas de famille, je te laisse donc imaginer la surprise inattendue que je fus grâce à toi. Comme tu dois t'en douter, elle a alors paniqué, ses parents ont paniqué et quant à moi, j'étais prématurée et à deux doigts d'y passer. Bien entendu, la période hôpital qui s'en suivit ne rendit pas les choses plus faciles, au contraire. Je dus y rester six mois - juste assez de temps pour que madame prévienne monsieur, qu'il parte en courant, qu'elle comprenne qu'élever un enfant malade à son âge serait de la folie et qu'elle fasse ensuite les démarches nécessaires à une adoption. Début du calvaire, début de l'enfer, je ne mis pas longtemps à être placée en famille d'accueil. Merci à toi, du fond du cœur. Tu m'auras évité un avortement fait dans le dos du monde entier et je t'en suis reconnaissante. Au cas où tu en douterais, ceci est du cynisme, oui. Déni, sale briseur de vies. Déni, sale cadeau empoisonné à la con.
2nd step; croyez fort qu'il est possible de concilier argent et bonne foi.
Si idiots et naïfs, croire que la gentillesse pure et simple existe. Comment les services sociaux ont pu imaginer un instant que le lieu où l'on m'envoyait était charmant ? Entre une femme accro aux médocs, un mari dingue de machine à sous et des gosses plus tarés les uns que les autres, n'ont-ils pas compris que les allocations familiales étaient leur unique besoin ? Aveugles et ignorants. À cause de leur faute professionnelle, j'ai passé les sept premières années de ma vie dans un grenier sans que personne ne soit présent. On ne m'aura que trop peu nourri et bien trop volé les antibiotiques que je me devais d'ingérer suite à l'accouchement difficile par lequel j'étais arrivée – et ce manque créa en moi des séquelles incurables qui me suivent encore aujourd'hui. Une anémie forte et des migraines qui me rappellent chaque matin le début de mon existence, ces années où je ne suis pas allée à l'école, où personne ne se soucia de mon existence et de mes besoins. Ces gens ont foutu mon corps en l'air, si bien que je n'en ai moi-même plus rien à faire. Je bois de tout mon soûl, j'observe le monde, j'observe la guerre et je me demande pourquoi j'ai eu si peu de chance. J'en arrive à envier les familles brisées, parce qu'elle pleure un être cher qui fut présent un jour. Je suis pathétique et, clopes sur clopes, j'envoie valser mon mal-être avec la seul distraction de mon monde; une soirée de travail.
3rd step; saupoudrez le tout de quelques malheurs loin des feux des projecteurs.
Je me rappelle de ce jour ; celui où j'ai quitté pour la première fois ce que je qualifiais à l'époque de maison. On était venu me chercher, les voisins ayant lancé une alerte, cette piteuse décision leur étant venue d'on ne sait où. Ne pouvaient-ils pas garder leur curiosité déplacée pour eux ? Ce n'était pas la joie, mais rester là-bas m'aurait empêcher de visiter un bon nombre de foyers. Les différentes familles d'accueils apparaissaient aux quatre coins de notre chère Corée et j'en changeai comme on change de chemise, personne ne voulant me garder plus de quelques semaines. À vrai dire, je ne sais pas vraiment pourquoi, mais je m'en suis toujours fichue : à chaque fois que je m'en allais, j'évitais bien des malheurs, c'était toujours une véritable libération. On me délivrait, malheureusement dans l'unique but de m'enfermer à nouveau dans un lieu totalement différent. J'eus droit à tous types de ces pseudos parents de remplacement et pas un seul ne m'aura laissé bonne impression. Tous, les uns après les autres, finissaient par commettre l'acte qui les transformerait en monstres à mes yeux. Et plus les années passèrent, plus les monstres se firent nombreux. Pas très imposante, pas musclée pour un sou, je subis et espérai en silence pouvoir m'échapper, ne trouvant cependant pas le courage de bouger un orteil. J'étais pétrifiée par le monde, par ce qui se passait au dehors, mais à regarder à l'intérieur, il ne faisait pas meilleur d'y rester. Et l'intrigue écrasa l'intimidation au fil des années, me poussant à définitivement partir sans me retourner ni savoir où j'irais. J'avançai, captivée par le fait de ne plus jamais avoir à revenir. -
même si je le fis quelques années plus tard, prête à venger ceux qui avaient eu l'audace de prendre le peu de dignité qu'il me restait à l'époque.
4th step; puis laissez une gosse à la dérive dans séoul.
Une fille de quatorze ans, tout juste sdf, parcourant les rues de Séoul sans savoir sur quoi elle tombera : ça ne passe pas inaperçu. Je ne suis pas passée inaperçue, je lui ai tapé dans l'oeil, comme il aime si bien me le rappeler. Comme l'on croise l'amour au coin d'une rue, j'ai croisé le diable dans un cul-de-sac de la capitale sud-coréenne. Ses griffes m'ont ainsi agrippée, pour ne plus jamais me lâcher.
« Tu es toute seule, tu dis ? » J'ai retenu tous les détails de cette discussion, de ce soir où tout a basculé à jamais. À cet instant, ma respiration s'était saccadée, tandis que mon coeur battait à tout rompre et que lui continuait sur sa lancée.
« Je peux te trouver un endroit où dormir si tu veux. » Intimidée et sans défense, je lui avais alors demandé ce qu'il voudrait en échange ; j'étais jeune, mais loin d'être stupide. Je savais ce qu'il attendait, ils attendent tous la même chose, mais sa réaction fut à des lumières de ce que j'imaginais.
« Tu verras en temps et en heure. » Il me conduisit à un appartement et sans aucunes paroles supplémentaires, il me donna les clés et disparut. Je n'entendis plus parler de lui durant une semaine, mais lorsqu'il vint frapper à la porte, je sus que la tranquillité à laquelle j'aspirais ne durerait pas.
« Tu t'es habituée à ton environnement, ma jolie ? » À cet instant déjà, il savait ce que je deviendrai. Et si je l'avais su aussi, j'aurai certainement couru.
5th step; enfin, coupez-lui tout espoirs d'avenir et de liberté.
Le caractère de ton personnage.
Décris son tempérament. Ses qualités et ses défauts. Ses réactions face aux ordres. Si c'est un leader, un meneur ou bien un suiveur. Tu peux aussi parler de son physique car parfois il influe sur l'attitude.