Tu sais j'avais pas prévu d'en arriver là. Je sais que j'ai une bonne place, capitaine de la brigade-antiterrorisme à vingt-cinq ans, t'y crois toi ? Alors que la plupart des jeunes sont en dernière année en Ares moi j'en suis déjà là. Moi j'y crois pas non. Je me voile pas la face cette place je la dois à la guerre. C'est comme ça que je vois les choses, il a fallut vite choisir des gens pour diriger. J'irai pas jusqu'à dire que j'ai eu de la chance parce que je me dis que je mérite cette place mais je trouve ça trop facile. Trop facile après avoir regardé mes rêves se briser sans avoir pu limiter les dégâts. Parce que des dégâts il y en a eu. Il y en a. Il y en aura à vie. Et peut être même que cette bonne place un jour elle fera parti du passé, comme le reste.

Le reste … je suis né à Séoul et j'y ai toujours vécu. Faut savoir que je suis nationaliste jusqu'au bout et ce pays personne n'a le droit d'y toucher. D'ailleurs c'est pas pour rien que j'ai toujours voulu le représenter à l'étranger. Stop. Écoute. T'as entendu ? C'est le bruit de mon rêve qui se brise. Je suis donc né à Séoul, fils d'un ancien boxeur reconverti en commentateur et d'une journaliste sportive. Frère aîné d'un footballeur professionnel, frère cadet d'un basketteur. Chacun connus et reconnus. Leur parcours c'est celui que j'avais prévu de suivre. Oui c'est ce que j'avais prévu, c'était cette place là que je voulais. Une place en équipe nationale.

C'est pas moi qui ait choisit ma vie, c'est la vie qui a choisit pour moi. Tu l'auras compris dans la famille on est tous amateurs de sports. Athlétisme, musculation, sport d'équipe, de combat, tout y est passé depuis mon enfance. Et tout s'est arrêté pour moi. Il y a pas si longtemps que ça. La preuve je m'en souviens comme si c'était hier. Hier, tout est relatif. La fin du rêve se compte en mois. C'était pendant un match de football, choc avec un autre joueur. Genoux gauche fracturé, rapide résumé. Suivit d'une opération et des mois de rééducation. Ma vie s'est résumée à attendre sur le banc des remplaçants.

J'avais rien à faire là. C'était terminé pour moi, le chirurgien avait été clair. C'est la que j'ai compris ce qu'est le déni. Que je l'ai vraiment compris. Cette frustration qui t'envahis pour te contrôler. Ce refus d'accepter la réalité qui te dévore et t'enferme dans un monde fictif. Je ne voulais rien voir. Oublier la douleur pour ne pas avoir à la supporter. J'ai cru que j'avais réussi, que le combat été gagné. Après ça j'ai cru comprendre ce que c'était l'acceptation. Du coup psychologiquement parlant on pouvait dire que je remontais la pente. Remonter pour mieux glisser sur des faux espoirs. Le temps agit sur la douleur mais j'avais oublié : c'était terminé pour moi. Les séquelles elles sont toujours là.  

Toutes les choses ont une fin. Pour que d'autres puissent commencer. Mais tu vois je voulais rien commencer. Je pouvais rien commencer avec un genoux explosé. Alors malgré les interdictions je suis allé au delà de la fin. J'ai franchi les limites à ne pas franchir. J'ai cherché comment être utile à mon pays. J'ai trouvé. J'ai passé le concours national de police et je suis arrivé premier. Alors j'ai triché sur mon dossier médical, les séquelles personne ne sait qu'elles sont là.

J'étais là. Combatif j'ai réussi à me faire un nom. Elle aussi était là, elle aussi s'est fait un nom. Baek Soo Mee. Arrivée deuxième à quelques points près au concours de police. Pas étonnant qu'on nous demande d'être équipiers. Au début difficile de travailler ensemble. C'était même chacun de son côté. Le moindre désaccord devenait source de conflit. Mais avec le temps j'ai fini par l'accepter, j'ai essayé de faire des efforts. Elle a appris à me gérer. Je dois bien avouer qu'elle n'est pas arrivée deuxième pour rien. Nos méthodes trop différentes pour s'accorder ont fini par se compléter. Ou presque.

Non j'avais vraiment pas prévu d'en arriver là.

Un suspect ayant subit un de ses interrogatoires :
« Ce mec c'est pas un flic comme les autres. Ouais je sais pas d'où il sort mais il est radical dans ses méthodes. Ce gars il a pas de patience. Sa patience à pas de limites vu qu'elle existe carrément pas. J'ai pris le risque d'essayer de le faire tourner en rond et je regrette à mort. Je dirais pas qu'il sait voir quand on lui ment mais plutôt qu'il calcule direct si on se fou de lui ou pas. Et ça j'ai bien compris que c'est quelqu'un chose qu'il aime pas. Pas aimer, c'est faible. En fait il supporte pas. Et là il y a pas de demi mesure. Il joue pas avec les mots lui, non lui il joue avec les poings. Et il rigole pas. Il sait se montrer menaçant. Mais moi j'ai agis comme si j'avais pas peur, erreur. J'ai fini plaqué contre le mur, sérieux il rigole pas. C'est clair que ça l'agace qu'on lui fasse perdre son temps. Qu'on me croit ou pas je m'en fiche, mais j'affirme qu'il sait faire avouer le plus entêté des suspects. »

Un des supérieur qui l'a nommé capitaine :
« Kim Sang Hyeon il place souvent la brigade dans des situations embarrassantes. Les ordres il les suis mais prends la liberté de faire les choses de sont côté sans nous en parler. D'abord ses méthodes ne sont pas du tout conventionnelles. Ensuite il suspecte n'importe qui. Ce que je veux dire par n'importe qui c'est qu'il ne fait pas de distinction entre les milieux. Un traître reste un traître. Que ce soit un ressortissant nord coréen ou un membre de l’État. S'il considère quelqu'un comme suspect il ira jusqu'au bout pour le prouver même s'il doit s'attirer les foudres des Hommes les plus influents du pays. Il fait parler de lui. Il est aussi bruyant, ses interrogatoires ne passent pas inaperçus. En même temps il se permet de frapper les suspects alors que la loi les considère comme 'présumé innocent' lui les appelle déjà 'coupables à condamner'. Pour nous sa coéquipière est indispensable pour le calmer et lui fixer les limites mais parfois on se demande comment elle fait pour le supporter. Malgré tout il possède un grand sens de la justice et c'est une de ses plus grandes qualités, impossible de se passer de lui. »

Un brigadier sous ses ordres :
« J'ai vraiment confiance en lui, d'accord ? Il est intègre, c'est clair qu'il veut la fin de la guerre. Les terroristes tous des pourris pour lui. Ah il me fait bien rire quand il râle. Parce qu'il faut avouer qu'il râle pour tout. Un coup on travaille pas assez vite, un coup quelqu'un a rangé son bureau, un coup le suspect met trop de temps à arriver. Il y a toujours quelque chose. En parlant de désordre, son bureau … je l'admire. C'est pas vraiment ce que je veux dire … en fait je me demande comment il s'y retrouve dans les dossiers. D'ailleurs il n'y a pas que son bureau qui est mal rangé. Ses méthodes le sont aussi. Enfin on peut pas ranger des méthodes mais je me comprends. Lui dit qu'il s'en sort parce qu'il est organisé dans son désordre. Ouais facile l'explication. Sinon avec nous il est ferme et dur. Au boulot on bosse et on fait pas autre chose. Il supporte difficilement nos erreurs quand elles auraient pu être facilement évitées. Puis il nous laisse pas vraiment de repos  il est toujours actif, mais bon en même temps il est efficace ! Mais j'aime être sous ses ordres d'accord ? … Entre nous c'est Soo Mee que je plains, ça doit être dur d'être toujours avec lui ! 
Oh et petit truc en plus c'est un amateur de caféine, vaut mieux pas que je vous parle du nombre de café qu'il s'avale chaque jour !»

Une ex-petite amie :
« Aaah ~ trop de choses à dire sur lui. Je sais pas vraiment par où commencer. Désolée je peux pas comparer avec son attitude au travail vu qu'il en parle pas. Jamais. Souvent je l'ai questionné sur ses missions mais j'ai jamais eu de réponse. Je me demande si c'est une question de confiance ? Moi j'avais pourtant l'impression qu'il me faisait confiance. Bon qu'il me fait confiance parce qu'on est toujours en contact. Il n'aime pas être en froid avec les gens, il veut que tout soit clair. D'abord c'est lui qui a fait le premier pas, il est charmeur et il a confiance en lui. Peut être trop. Oui il est du genre prétentieux. En même temps vous avez vu son corps ? Olalala il peut s'en vanter ! C'est tout du vrai ! Haha non mais c'est vraiment un sportif. Pas de place au superficiel. Et puis il est drôle aussi, amusant quoi. Pas étonnant qu'il accumule les conquêtes. Il aime trop les femmes. Entre nous … il est facilement déconcentré … j'espère qu'il n'est pas comme ça au travail. Mais le plus impressionnant et peu de personne s'en doute cette masse de muscle est super romantique ! Et toujours là à protéger de ses bras musclés. C'est trop adorable. Oups je crois que j'en ai trop dit ... »

Une cicatrice sur le genoux gauche suite à une fracture, voilà mon secret. Une blessure qui ne m'autorise plus à faire des efforts. Séquelles à vie qui pourraient devenir plus importantes avec le temps si je ne fais pas attention. Et pourtant je suis à la brigade, spécialiste du combat corps à corps. L'erreur ? Un dossier médical falsifié. Personne ne sait.