I. Nae So
Avant l'âge de seize ans, Nae So existait. Nae So était une gentille petite fille, enfant de parents bourgeois. Extrêmement bien éduquée, elle savait s'excuser, remercier et pardonner dès qu'il le fallait. On lui avait inculqué les valeurs catholiques et toute son instruction était basée sur les actions du messie. Le père de Nae So tenait à ce que sa fille n'aille pas à l'école mais ait un enseignement à domicile fait par un unique percepteur qui devait être le meilleur de sa catégorie. L'enseignant de ses rêves trouvé, il lui donna un fort salaire en échange d'une éducation irréprochable pour sa fille, la chair de sa chair, la prunelle de ses yeux.
Que pouvait-il se passer pour tâcher le si beau tableau qu'offrait cette jolie famille? Ils avaient une grande et magnifique maison semblable à un manoir, un immense jardin qui faisait pâlir les parcs nationaux, une belle fille et même un grand chien pour que celle-ci ne se sente pas seule. Rien ne semblait pouvoir arriver à la famille Cho. Non rien. Enfin, ce n'était qu'une impression.
Car derrière le cadre et les dorures, rien de la vie de monsieur et madame Cho n'était beau. Ce couple, mariés de force, ne s'aimait pas et monsieur Cho ne cachait pas à sa femme sa double vie. Bien qu'il aimait Nae So de tout son cœur, il avait d'autres enfants avec une dénommée Koo Geum Lee; et il ne se gênait pas pour inviter sa maîtresse dans sa demeure en la faisant passer, aux yeux de Nae So, pour sa tante. La petite fille appréciait beaucoup « tata Geum », sa cousine et ses deux cousins qui étaient, entre autre, sa belle-mère, sa demi-sœur et ses demi-frères. Les enfants Koo savaient que Nae So était en quelque sorte leur sœur mais ils ne devaient jamais appeler monsieur Cho « papa » en sa présence.
Cependant, tout homme menant une double-vie accumule les ennuies.
Monsieur Cho, qui a une époque était bien trop occupé à éduquer ses quatre enfants, avait complètement négligé son entreprise et fit faillite. Se retrouvant sans aucun employés, compte en banque et financement, il dut accumuler les dettes. Il emprunta de l'argent un peu partout mais il n'en avait jamais assez pour relancer son affaire et subvenir à ses besoins. Il ne pouvait plus payer la grande maison dans laquelle habitait sa femme et sa fille favorite -et ceux malgré l'héritage de madame Cho- et fût obliger de rejoindre le foyer de Koo Geum Lee. Mais pour lui, il était hors de question de perdre Nae So. Alors, il dut expliquer à la petite qu'il quitterait sa maman mais, qu'elle, elle irait avec lui. Par cela, l'enfant, devenue pré-adolescente, devait comprendre qu'elle ne reverrait plus celle qu'elle appelait « maman ».
Ils n'avaient pas divorcé, ils s'étaient quittés à l'amiable. Madame Cho s'était trouvée un amant avec lequel elle vit encore aujourd'hui. Mais pour monsieur Cho, tout n'était pas tout à fait fini.
Nae So fût choquée de voir Geum Lee et son père se coucher dans le même lit. Et lorsqu'elle fût en âge de comprendre, elle était incapable de pardonner à sa « tata Geum ». Par ailleurs, l'adolescente commença à la considérer comme une étrangère et elle refusait de sortir en compagnie de ses cousins car elle avait compris qu'ensemble ils partageaient le même géniteur.
Alors que la jeune fille était en pleine crise d'adolescence, monsieur Cho se noyait sous ses dettes et du jour au lendemain on le retrouva mort, d'une balle dans le cœur, en pleine rue. Pourquoi? Les mafieux coréens n'avaient peut-être pas la patience nécessaire pour attendre leur remboursement.
Nae So avait alors perdu la seule personne à qui elle pouvait encore se confier.
La mafia coréenne ne s'arrêta pas là et fit pression sur Koo Geum Lee pour avoir leur argent. Celle-ci trimait pour les rembourser et épargner ses trois enfants. Mais un jour, excédée par la situation, elle songea à dénoncer l’existence de la fille légitime de monsieur Cho: Nae So. S'était elle qui devait payer, pas Geum Lee.
Néanmoins, comme si elle avait été guidée par une bonne étoile, Nae So avait fuit le foyer Koo le jour même où cette pensé traversa l'esprit de sa belle-mère. Elle n'avait donc que seize ans lorsqu’elle se retrouva à la rue.
II. Cho
(NC -18; termes vulgaires, usage de la drogue, contenu sexuel)
Une jeune fille autant en chair ne reste pas à la rue très longtemps. Au bout d'une semaine, Nae So avait su trouver un logement à un prix équitable. Non, non, elle n'avait pas d'argent, mais elle avait un corps. Elle avait compris que si elle savait s'en servir, elle pouvait absolument tout s'offrir.
Elle logeait chez un mac qui se tapait des prostitués tous les jours. Mais la partenaire préférée de ce goujat était cette enfant avec qui il cohabitait. Elle avait un corps bien trop développé pour son jeune âge et il la désirait plus que tout. Une fois, il l'invita à le rejoindre dans la chambre avec sa pute. Il avait salement observé ces deux femmes s'accoutumer aux plaisirs sexuels entre elles puis il les avait rejoint dans leurs ébats.
S'étant découverte une forte attirance pour la gente féminine, elle préférait nettement se taper la pute de son logeur que le logeur lui même. Elle débarquait toujours dans sa chambre, lui prenait sa prostituée des bras pour aller la baiser sur le canapé.
Alors que personne ne lui avait posé de question sur son identité, même pas le mac, la prostituée avait demandé à sa partenaire son nom. Se sentant toujours salie par Geum Lee et ses cousins -qu'elle ne considérera jamais comme ses frères et sœurs- elle n'aurait pas supporté que cette femme jouisse en criant « Nae So ». Elle lui cracha son nom de famille ,Cho , et elles reprirent leurs ébats.
Pourquoi Cho? Car c'était le nom de son père, de sa mère, de sa famille, de son enfance: de sa vie. Nae So, était celui que sa belle-mère avait souillé.
Cho était née grâce à une pute; une prostituée avait créer Cho. Celle-ci s'était présenté comme étant Ming Xing, femme de joie directement exportée de Pékin. Mais Cho, l'appelait Ji, diminutif de Ji Nü qui voulait tout bonnement dire « pute » en chinois.
Elles parlaient en chinois -car plus jeune, Cho avait appris cette langue-, elles flirtaient en chinois, elles jouissaient en chinois. Ming Xing préférait elle aussi faire l'amour à Cho qu'au mac qui la payait. D'ailleurs, celui-ci totalement enragé par ce manque d'affection, les avaient toutes les deux foutues à la rue. Ji emmena alors sa jeune partenaire au bordel et elles y vécurent pendant un an. Enfin, du moins Cho.
Ji s'occupait énormément de l'adolescente. Elle lui apprenait de nouvelles positions -surtout pour les clients avec qui elle devrait coucher la journée-, elle la nourrissait, lui disait comment dépenser son salaire, elle lui donnait des conseils pour avoir plus d'argent: elle lui apprenait la vie.
Cependant, Cho abandonna sa douce Ji.
Un jour, un client fort séduisant craqua devant les charmes de la prostituée qu'il se faisait. Il paya le prix fort pour la prendre avec lui. Cette fille, s'était Cho. L'homme était un junkie et un dealer dans l'âme. Il se droguait et la jeune fille se droguait avec lui. Elle goûta au pauvre cannabis, elle sniffa de la bonne cocaïne et avala la meilleure extasie qui soit. Sa préférence allait à cette dernière. Rapidement, elle était devenue accroc. Mais tout le monde sait que l'extasie accroît le désir sexuel et il faut dire que le dealer n'en était pas déçu.
Elle enchaînait les conneries et les conneries et pendant ce temps, elle venait tout juste d'avoir dix-huit ans.
Ming Xing lui manquait. Elle voulait reparler chinois avec elle, revoir la rondeur de ses seins, retoucher ses fesses potelées. Alors, lorsque le junkie quittait leur appart' pour aller vendre sa drogue, Cho invitait toutes les femmes chinoises qu'elle trouvait dans la rue et elle leur faisait l'amour.
La Corée-du-Sud était devenu soudainement un pays de pourris. La guerre allait éclater.
Cho voulait être Chinoise à ce moment là. Elle voulait retrouver Ji. Certains Chinois retournaient dans leur pays et Cho savait au fond d'elle que Ming Xing avait rejoint, elle aussi, sa patrie.
Cho s'était rappelée, ce jour là, la mort de son père. Les Coréens l'avaient tué. Les Coréens avaient fait partir Ming Xing... Les Coréens étaient des pourries. Cho était fière de juste s'appeler Cho.
La jeune femme fugua pour la deuxième fois de sa vie. Elle avait prit toutes les pilules d'extasies qui traînaient dans l'appartement et elle s'était enfuie.
Elle se réfugia dans un hangar. Et comme la plupart des bâtiments industriels à l'époque, il était remplie d'armes légales ou non. Après avoir prit une pilule, elle attrapa un flingue et tira. Elle trouva ça drôle. Elle continua toute la nuit, s'amusant à abattre les lucarnes.
Un homme, alors qu'elle était totalement pétée, la retrouva. Elle avait pointé son son flingue sur lui. Il lui conseilla de partir pour ne pas avoir de problème et, sous l'effet de la drogue, Cho lui répondit de dégager ou sinon elle lui tirerait dessus. Mais étrangement, elle avait dit cela en chinois. Imaginant qu'elle n'était pas Coréenne, l'homme l'intégra de force dans un mouvement terroriste.
Au début, la jeune femme était plus ou moins victimisée. Mais très rapidement, elle montra qu'elle avait aussi du caractère. On se rendit compte qu'il ne fallait pas faire chier Cho. En faite, cette fille trouver dans un hangar qui s'éclatait avec un revolver était certainement la personne la plus terrorisante de tout le régiment.
Personne ne savait qu'est-ce qui animait cette haine qu'elle avait contre les Coréens. On apprit vite qu'elle même était Coréenne mais gare à celui qui le lui rappelait. Dans sa tête, elle était Chinoise.
Nae So était Coréenne et elle est morte. Cho sera Chinoise et elle vivra.