20 h 30 sonnèrent et une belle silhouette s'avança d'un allure féline dans l'immense hall que possédait l'hôtel de luxe dans lequel on recevrait un peu plus tard le ministre allemand. Gaïa avait été dépêchée, ainsi que quelques autres de l'organisation terroriste, de s'y rendre et d'y dégoter les documents confidentiels que l'étranger devait apporter au gouvernement sud coréen. Elle s'était donné comme rôle de faire le guet et d'assurer les arrières de celui qui avait été dénommé comme rôle phare de la mission. Alors elle se fondit dans la foule et discuta jovialement et faussement avec quelques inconnus et misérables de la haute société. Elle ne savait pas comment ses supérieurs avaient eu vent de cette information et ne s'en formalisait que très peu. Mais il était certain qu'elle ne devait pas faillir à son devoir de récupérer les documents. Et s'il le fallait, on tuerait ce Ministre allemand. Il fallait être vigilent, voilà pourquoi la chinoise avait décidé de se faire passer pour une riche héritière coréenne. Ainsi personne n'aurait de doute sur elle, du moins elle l'espérait.

Gaïa avait pris la place principale et était de fonction ce soir. Alors tout en buvant un verre de champagne millésimé, elle observa d'un oeil discret le ministre se faire guider vers l'une des chambres de l'hôtel. Il fallait qu'on trouve un moyen de les rejoindre et elle tenta d'apercevoir la mignonne tête de son coéquipier de la soirée, Anathema.

Cela faisait un moment qu’il n’y avait pas eu une mission de cette envergure, mais ce n’est pas pour autant qu'Astrée s’inquiétait. Son père lui avait toujours dit de ne pas cesser d’avoir peur, c’est la peur qui te garde en vie, t’obligeant à être constamment sur tes gardes. Ce soir, elle devait s’assurer de la sûreté de la vie du Ministre allemand, la garde rapprochée n’était pas réellement sa spécialité, elle ne pouvait qu’envier la force physique des gardes du corps, mais elle se donnait toujours corps et âme dans une mission. De plus, elle allait devoir superviser Venom qui l’accompagnerait, mais se connaissant, elle restera également attentive aux autres académiciens dépêchés sur place. Elle jeta un coup d'oeil à sa montre alors qu’elle attendait à l’hôtel, il lui restait un peu de temps avant l’arrivée du haut dirigeant. La jeune femme marcha le long du couloir, atteignant une grande salle, aménagée pour l’occasion. Il fallait qu’elle pose des micros; c’était lors d’événements semblables que les discussions étaient les plus intéressantes. Il n’y aura sans doute pas que des alliés ce soir, c’était d’ailleurs pour ça que la sécurité était renforcée, mais au cas où, les micros étaient de formidables alliés. La discrétion était bien entendu de mise quand elle repéra des endroits stratégiques. Elle en avait déjà installé un à l’entrée de la salle privatisée pour l’échange de documents, les deux autres seront dans la grande salle. Elle joua parfaitement le rôle de celle qui faisait des vérifications de dernière minute et installa les deux micros discrètement, dans deux coins opposés, afin de couvrir un plus large terrain. Les grandes plantes vertes en pot disposées largement dans la salle étaient idéales, dans la terre, les micros étaient impossibles à remarquer. Et surtout vu le nombre de plantes, il faudrait vraiment avoir de la chance pour tomber dessus. Astrée retourna à l’entrée, rejoignant Venom. Les employés venaient de s’activer, il allait donc arriver d’ici une minute. « Reste à une distance d’au moins un mètre, mais pas plus de trois. » lui conseilla-t-elle gentiment. S’en suivit les formules de politesse face au dignitaire allemand avant d’être semblable à son ombre, suivant le moindre de ses déplacements. Elle croisa certaines personnes de sa connaissance, mais son attention resta sur l'homme qu'elle devait protéger. La jeune femme suivit d'ailleurs ce dernier lorsqu'on l'invita à rejoindre la salle privatisée pour l'échange de documents. Elle n'avait plus qu'à rester sur ses gardes. 

Ce soir il n'était pas Yi Luan au sourire charmant et tombeur de ces dames, il n'était pas non plus Luan le gamin en manque d'affection et d'amour, bien trop névrosé pour le bien des autres. Non ce soir il était Anathema. Juste Anathema, l'assassin. Il était celui au sang froid, celui qui n'avait jamais raté un meurtre quel qu'il soit depuis son entrée à Kérès et c'était sans doute pour cela qu'on l'avait choisi lui. Dans cette mission d'infiltration délicate, il avait le rôle majeur, soit tuer le dirigeant allemand. Rien que ça. En passant outre ses coups de folies, de même que son côté instable, on avait juste regardé son efficacité, et Dieu qu'Anathema était efficace. A tel point que ça en devenait dangereux. Mais pour l'instant, il n'était pas encore question d'agir. Pour l'instant il était une question de prendre ses marques. C'est pourquoi Yi Luan avait été dans les premiers invités à arriver. Position des fenêtres, des meubles, distances entre chaque point important, il avait pris le soin de tout vérifier derrière un sourire aimable, déambulant l'air de rien une coupe de champagne à la main. Mais derrière ce côté mondain qu'il tenait à merveille, il n'était pas host pour rien, son regard avait tout d'un assassin, froid, précis, calculateur, et surtout bien caché derrière sa frange épaisse.

Appuyé contre une colonne, il continuait sa discussion son regard passant au dessus de l'homme qui lui tenait la conversation, plutôt insipide. Son regard passait tranquillement du Ministre Allemand avec qui il avait échangé quelques mots se faisant passer pour le fils d'un politicien quelconque, à une de ses collègues et pas des moindres, Ming Zhu, appelée plus communément Gaïa lorsqu'elle était en fonction. Tout était une histoire de regards entre eux, il se voyait mal aller vers elle, surtout en coupant sa discussion ainsi. De plus le dirigeant allemand avait enfin bougé. L'échange avait sonné, et de son côté, la mission commençait véritablement. Laissant sa coupe sur un plateau non loin, il s'avança un peu plus vers l'intérieur de la pièce, ses mains placés de manière nonchalante dans ses poches. Il n'avait rien d'un homme qu'on aurait cru assassin avec sa gueule légèrement efféminé, et ses traits bien trop fins et cassants, mais c'est ce qui faisait son charme. Regardant à nouveau sa collègue, il eut un léger sourire aux lèvres, lui demandant silencieusement s'il pouvait s'y mettre. Après tout, autant qu'elle soit au courant non ?

• Han était arrivé à l'heure dite. Et dans son costume noir, on aurait juré avoir affaire à un homme certainement fils de chaebol ou chaebol lui-même. Il n'avait aucune difficulté à construire un personnage arrogant, dont le regard noir semble vous considérer d'emblée comme un déchet quiconque placé sur sa route... Cette attitude ne lui était sans doute pas vraiment contre nature.
  De plus, un statut de Chaebol dispensait d'avoir à faire la discussion. C'est pourquoi il éprouvait une certaine jouissance à rompre une conversation sans se justifier, ni s'excuser.
  ... Après tout... Il n'était pas là pour signer des contrats.
  Mais allez savoir pourquoi, plus il était distant, plus les femmes semblaient chercher sa compagnie. Il prit donc sur lui pour s'extraire de ces pièges parfumés... Il y parvint avec des trésors de diplomatie internationale.
  
   Puis enfin libéré, il parcouru la vaste salle de son pas naturellement désinvolte. Il promena un instant sa haute taille parmi les invités. Puis il s’arrêta brièvement et son regard circulaire scanna le lieu. Il attrapa machinalement un verre de champagne sur le plateau d'un serveur au passage, sans détacher pour autant ses yeux des allées et venues des uns et des autres.
  Il ignora le ministre, sa garde rapprochée ainsi que les visages d'agents qu'il reconnaissait. Son attention se concentrait sur les visages inconnus de mondains et mondaines semblant s'être donnés le mots pour jouer les piques assiettes pour cette soirée.
  Han se dit qu'il y avait un avantage pour les coréens à ne pas être un peuple si nombreux... c'est que les riches ne l'étaient pas non plus et les très riches encore moins. Ils étaient donc facilement identifiables, ainsi que leurs progénitures et leurs identités pouvaient très difficilement être usurpées. Il étaient donc nerveux de voir des visages totalement inconnus. Et à cet instant, il aurait été très curieux d'aller voir le listing des invités et de pouvoir ainsi comparer certains visages avec les identités réelles des invités. Puis il sourit en songeant que se serait la première tache qu'il confierait à Je Hun des que ce dernier daignerait pointer son nez.
  

C'était l'heure. L'hôtel avait ouvert ses portes. Le personnel, les invités, tout le monde était presque là pour ne rien rater. Même les terroristes devaient se fondre dans la foule depuis le début pour ne pas paraître suspects. Les académiciens avaient été appelés en renfort et pourtant Je Hun n'était pas encore arrivé. Les minutes défilaient et toujours pas de trace du lieutenant. Il fallait s'y attendre, le brun est incapable d'être à l'heure.
Une demi heure plus tard, l'académicien habillé pour l'occasion se trouvait dans le quartier de l'hôtel. Il accéléra le pas. Il espérait que le lieutenant Kim ne lui fasse aucune remarque. Il avait toujours été comme ça et le brigadier ne le savait sûrement pas. Ce n'était pas une excuse, certes, mais il espérait vraiment qu'il ne lui reproche pas son manque de professionnalisme pour la situation.
Le coréen entra dans l'hôtel. Seo Je Hun laissa place à Gunslinger le spécialiste des armes à feu. Il était prêt à tirer s'il le fallait. Fils de ministre, pour lui il y avait beaucoup de visages déjà vus. Et c'était bénéfique pour sa mission. Peut être même qu'il y aurait son père ... Gunslinger prit un verre de champagne qu'il ne comptais pas boire et cherchait Han du regard. Il marchait le long des longues tables garnies repérant déjà quelques visages étrangers. Parfois il s'arrêtait discuter avec des ministres et des personnes de la haute société. Toujours à la recherche d'informations. Alors qu'il discutait avec quelqu'un il répéta Han. Le jeune homme écourta la conversation et s'avança vers son superviseur pour la soirée. « Par quoi dois-je commencer ? » Lâcha t-il d'un ton froid. Il s'éclaircit la gorge, comme pour s'excuser pour son ton ou son retard, ce soir il mettrai sa rancune de côté vu l'importance de la mission.

Une réception, c'était cela? Et bien, je m'y inviterais, et comme membre du personnel, bien évidemment. J'avais réussi, grâce à mon réseau, à me trouver un pass d'entrée à la réception, comme serveur dans les boissons. Bien sûr, j'avais dû rentrer les mains vides, du moins, c'est ce qu'ils pensaient. Et ce soir, j'étais ici en tant qu'observateur, bien que je penchais sérieusement pour la cause des terroristes, au fur et à mesure que le temps passait, je me sentais plus terroriste que anti-terroriste. Néanmoins, durant cette soirée, je n’ignorais pas que je retrouverais des gens qui me soupçonnaient déjà, comme  Soo Mee par exemple. Alors, j'avais opté pour un maquillage qui ne me ferrait pas reconnaissant. Déjà, des lentilles bleutées, choses que je portais très rarement, et un trait d'eyeliner pour épaissir mes yeux, ainsi qu'une teinture brune sur mes cheveux que j'avais balancé en arrière, retenus par des épingles. Mon tatouage au poignet n'était pas visible, masqué par du fond de teint, mais aussi par une veste que je portais avec mon costume, blanche avec des motifs noirs. Plusieurs bagues et bracelets, ainsi qu'une oreillette contournant mon oreille pour avoir un audio de tout ce qui pouvait se dire par la sécurité. Il fallait que je sauve ma peau, et rien qu'en venant ici, je me vendais.

Ce soir, je n'étais plus Noah, l'homme connu de la brigade anti-terroriste, non, j'étais Nexus, le trafiquant, mais aussi, le serveur de cocktail. Et c'est comme ça que j'arrivais un peu avant l'ouverture de la cérémonie, allant directement me poster derrière un buffet, plaçant les verres tout en zieutant sur les premiers invités, et comme je l'avais prévu. Soo Mee était présente, il allait falloir que je sois discret, particulièrement discret si je ne voulais pas qu'elle me repère. Seulement, je remarqua aussi que le ministre bougeait, et là, ça m'emmerdait, parce que je ne pouvais pas bouger, à moins qu'un de mes sous-fifres ne viennent, et ça, je n'en étais même pas sûr. Quoique, je pouvais toujours me faire passer pour un membre du room service.. who knows? tout était bon à utiliser mais en attendant, je gardais un oeil sur les invités, voir si il y avait du mouvement.

20h, Rubì à l'action. Elle avait effectué quelques préparatifs avec quelques uns de ses équipiers d'Athéna et brigadiers. Positionner par ci par là, toujours à porter de mains, des trousses de secours, du matériel de soin, de secours et en plus de cela, en tant qu'Athéna, bien armée, elle avait filtré la salle du regard pour observer la moindre défaillance. Une demie heure plus tard, la réception commençait, et s'en suivait de peu l'arrivée du ministre allemand. La sergent était quelque peu fière d'avoir été choisie pour cette mission prestigieuse. Il allait de soit, que si tout se déroulait bien, elle n'aurait pas besoin d'utiliser ses capacités spéciales. De toutes manières, avec tous ses brigadiers et académiciens d'Arès, il lui était impossible de se déplacer comme elle le désirait et d'agir en toute discrétion. Par conséquent, elle resterait Rubì d'Athéna, chargée de protection et de soin si jamais le besoin s'en ressentait.

Elle salua en s'inclinant son mentor qu'était Kim Han, lieutenant à la Brigade et jubila intérieurement en apercevant celui dont elle était tombée amoureuse, Je Hun, en retard. Seulement, pas de sourire, pas de zieutage, après tout on était en mission. Un serveur passa devant elle, et il sembla à la jeune femme qu'elle l'avait déjà vu quelques parts, il lui rappelait vraiment quelqu'un. Elle se permit alors de l'observer avec suspicion, il lui faisait penser à son cousin à vrai dire, mais elle ne pouvait encore déterminer si c'était lui ou non, puis que ferait-il en serveur? Etrange! Finalement, le premier ministre se rendit dans une chambre avec un représentant, il fallait se mettre aux aguets, peut-être que des terroristes frapperaient.

L'académicien approuva. Cette mission était parfaite pour lui. Premièrement parce qu'il connaissait déjà beaucoup de visages présents ici alors le travail serait moins pénible et deuxièmement parce que cela allait lui prendre pas mal de temps. Tout le temps passé à regarder les listes et les registres c'était du temps en moins passé aux côté du lieutenant Kim. Oui il ne pouvait qu’approuver.

Le brun aperçut Da Hye, encore une fois il ne lui parlerait pas, ils étaient en mission. Il ne devait pas montrer qu'il la connaissait. Il passa devant elle en l'ignorant difficilement. Gunslinger se rendit à la salle informatique mise en place spécialement pour l’occasion. Des écrans par dizaines qui filmaient chaque recoin. Gunslinger regarda plusieurs lieux stratégiques, l'entrée où il ne pouvait rater aucune arrivée. Et surtout la salle privatisée pour l'échange des documents, il pourrait voir tous ceux qui s'approcheraient des ministres. Le brun s'installa devant un écran, maintenant tout était fait par informatique. Les listes défilaient, les visages aussi et pour l'instant rien de suspect. Jusqu'à apercevoir un jeune homme aux traits féminins, ce n'était ni un académicien ni un membre du personnel. Il n'avait rien de suspect mais pourtant il avait réussi à attirer l'attention du jeune homme car il lançait quelques regards à une autre femme. Et elle, il était certain qu'elle s'était invitée dans la partie. Gunslinger se chargea d'envoyer les portraits de ces deux personnes et toutes les autres suspectes, sur les portables de ses alliés. Lui s'était mis en tête de se focaliser sur cette femme qui attirait beaucoup trop sa curiosité. Bien plus que le membre du personnel passé au logiciel de reconnaissance qui ne signalait qu'un simple citoyen caché derrière un maquillage. L'académicien ne fit que le signaler, les informations sur lui ne montraient rien de suspect. Il devait simplement aider. Mais le fait qu'il ait changé d'apparence ne devait pas être mis de côté.

Alors que l'échange allait avoir lieu, Gunslinger retourna dans la grande salle, il lança un regard à Han et Da Hye, pour voir s'ils avaient reçu les informations. Puis il s'avança vers le lieutenant « Je peux m'occuper de la femme ? » Puis il chercha du regard la suspecte qu'il avait repéré.

L'engrenage était enclenché. Il était désormais l'heure d'agir. D'ailleurs, faire la conversation à de pitoyables richards commençaient fortement à ennuyer la demoiselle. La salle étaient blindée de soldats et cela n'allait pas aider la cause terroriste à gagner. Seulement Gaïa y croyait, elle pensait fortement que le petiot qu'on avait désigné en assassin y arriverait. Puis elle serait la pour le couvrir après tout, donc il n'avait pas à faire attention à ses arrières, mais il avait intérêt à tout bien planifier. Elle posa son regard sur Anathéma et haussa un sourcil, signe de confirmation. Il fallait qu'il passe à l'action et Gaïa espérait qu'il fasse attention afin que tout se passe bien pour lui. Il y aurait sûrement des gardes et des agents après tout...

Elle sentit un regard sur elle, un regard bien trop pesant soudainement. Sûrement la trouvait-on suspecte. Un dernier regard sur son collègue terroriste, le prévenant du danger et elle finit sa coupe de champagne. Elle se tourna alors et observa deux militaires qui discutaient. L'un d'entre eux semblait la scruter. Elle fit semblant alors de croire qu'elle lui plaisait et lui offrit un charmant sourire. Charmant sourire qui n'était qu'un masque cachant sa répugnance et sa haine. Qu'il ne vienne pas l'emmerder celui-là! Il fallait qu'elle garde un oeil sur les faits et gestes d'Anathéma et qu'elle fasse le gaie pour lui, surveiller cet agent ne serait pas une mauvaise idée d'ailleurs!

Astrée regardait les recoins de la pièce qui servait à l’échange de documents entre les deux hauts dirigeants. Son regard se posa sur Venom, toujours aussi professionnelle, elle était plus contente de pouvoir compter sur des personnes avec qui elle avait déjà travaillé et dont elle connaissait les compétences et capacités. La jeune femme appuya légèrement sur l’oreillette qui lui permettait de recevoir des informations de la part de l’équipe qui était chargée de la surveillance vidéo et qui pouvait ainsi l’avertir de tout mouvement suspect à l’encontre du Ministre Allemand. Astrée se dirigea silencieusement vers les grandes fenêtres de la pièce, jetant un regard vif sur l’extérieur avant de se rapprocher à quelques mètres des deux hommes. Elle avait oublié que veiller sur la sécurité de quelqu’un pouvait être un peu ennuyant, dans une pièce close, porte fermée, avec les fenêtres qui ne donnaient pas un bon angle de tir, il n’y avait pas grand-chose à surveiller. La porte en quelque sorte, la première personne qui désirait y rentrer se retrouverait stoppé en un rien de temps.
 
Astrée regarda le deux hommes qui étaient en train de finaliser l’échange, le Ministre Allemand retournerait sans doute dans la grande salle, remplie d’invités. Ce qui serait bien plus dangereux pour sa sécurité, la foule peut cacher n’importe quelle menace. Mais il y avait un bon nombre d’agents alors normalement il n’y avait pas grand-chose à craindre, sauf qu’avec les terroristes on n’est jamais sûr de rien. Leurs comportements peuvent s’avérer quelque fois imprévisibles. Jetant un nouveau regard à Venom, elle finit par poser les yeux sur les précieux documents, la cause de tout cela. Elle regrettait la nom présence de Sang Hyeon, il était meilleur qu’elle dans la garde rapprochée étant l’un des meilleurs qu’elle connaissait au combat au corps à corps. Elle était bonne tireuse, mais savoir défendre quelqu’un avec sa force physique était sans doute plus rapide que sortir son arme, viser et tirer. Elle chassa ses pensées négatives, il fallait penser positivement ce soir, il n'allait rien se passer de mal.

La mission semblait bien se dérouler, je jetais un regard circulaire dans la pièce, il n'y semblait pas y avoir de danger particulier. Mais, tout était possible, autant rester sur ses gardes. Surtout que j'avais un mauvais pressentiment. Oh non, je ne suis pas du genre à croire à toutes ces conneries de superstition, j'avais juste une étrange impression. Peut-être étais-je plus stressé que ce que je voulais bien avouer. Je détestais ce que je ressentais ! Ce n'était pas mon genre de m'inquiéter pour une mission, en général, c'était un succès, je ne voyais donc pas pourquoi ce soir, cela serai un échec ! Reprend toi Yoni ! Je me giflais intérieurement pour garder mon calme.

Lorsque je me retournais, je vit le ministre sortir les papiers qui provoquait tout ce remue ménage. Je me demandais ce qu'il pouvait bien y avoir la dessus pour qu'on demande aux académies et à la brigade de surveiller la transaction. Je commençais un peu à m'impatienter, ils n'en avais pas marre de parler ? Moi qui pensais que la mission allait être palpitante, finalement, tout ce qu'on faisait c'était regarder trois types discuter. Attentive à tout ce qui se passait autour de moi, je continuait de fixer le ministre. Ah enfin ! Je le regardais sourire, serrer une dernière fois la main à ses compagnon avant de s'incliner. Il se dirigeais à nouveau vers la grand porte d'entrée, je me précipita à ses côtés, afin de pouvoir surveiller toutes personnes qui oserais s'approcher de lui. Mais, quand la porte s'ouvrit, quelqu'un me bouscula si violemment que je perdit l'équilibre et tomba par terre. De nombreuse personne me piétinait à moitié, m'empêchant de me relever et de voir ce qu'il se passait.

Il avait hésité un instant à rentrer dans la salle où se trouvait le premier ministre, d’une façon ou d’une autre. Mais il aurait du griller sa couverture et aurait crée un carnage. Les hautes instances lui avaient pourtant bien spécifié qu’il ne devait pas y avoir d’effusions de sang inutiles. Il ne devait pas y avoir d’effusions. Son rôle dans l’histoire était simple. Il était Anathema le tueur et il devait tout simplement se débarrasser du premier ministre allemand qui était une gêne pour leur camp et récupérer les documents. Rien que ça. Ca suffirait, ça irait. De toute façon il avait Gaïa pour le couvrir. Et il savait qu’il pouvait avoir confiance en la jeune femme. Elle comprendrait très bien pourquoi il n’avait finalement pas bougé d’un pouce, restant en plein milieu de cette foule compacte. En effet pourquoi se déplacer, se fatiguer, et surtout risquer sa vie en plus de la mission quand sa proie allait revenir dans son champ d’action ? Pourquoi ? Il allait revenir en salle une fois leur échange terminé. Ca allait de soi. Il était l’un des acteurs majeur de cette ‘‘fête’’, forcément qu’il reviendrait ici donner de faux sourires à qui le voudrait.

En voyant la porte s’ouvrir, un sourire étrange s’installa sur les lèvres d’Anathema. Non seulement la proie revenait directement vers lui, mais en plus le destin sa bonne vieille amie venait de lui donner un coup de pouce. L’une des deux soldats qui se trouvaient avec le ministre venait de se retrouver au sol. Pauvre petite. Son sourire bien plus dangereux et psychotique, Anathema s’élança tout simplement. Traversant la foule avec une aisance certaine, il se retrouva bien vite au niveau du dirigeant, jetant à peine un regard à la jeune femme au sol. Non. Toute son attention était portée sur l’homme en face de lui, sur son visage dont il caressait les traits mentalement. Il aimait bien connaître le visage de ceux qu’il devait tuer, tout comme il aimait particulièrement se rappeler de leur grimace et de la compréhension qui s’affichait dans leur regard quand ils comprenaient qu’ils étaient en train de mourir. La lame fine d’un poignard japonais en main, il fut en un éclair contre l’homme, son arme plantée jusqu’à la garde dans la cage thoracique du dirigeant allemand. C’était fini. Un regard sur l’autre soldat, il eut un sourire digne du chat de Cheshire avant de murmurer quelques mots en chinois. « Trop lente. » Puis sans attendre, il n’hésita pas à se mêler à nouveau dans la foule, les papiers dans sa veste, dans l’hystérie générale quand au fait que l’homme était en train de mourir un poignard dans le corps.

C’était fini.

Tout avait été si calme durant l’échange. Et à l’instant où la porte avait été ouverte, Soo Mee n’avait pas eu le temps de comprendre quoi que ce soit. Bien qu’elle se soit rapprochée du ministre allemand alors que celui-ci comptait repartir dans la grande salle après l’échange de documents, elle avait été prise de court. La chute de Venom avait été déstabilisante, tout comme le mouvement de foule. Elle perdit de précieuses secondes à tenter de comprendre la situation au lieu de sortir son arme habilement caché. Elle se maudit intérieurement, Sang Hyeon n’aurait même pas eu besoin de sortir son arme lui. Et bien sûr c’était trop tard. Elle ne put qu’être témoin de l’assassinat de l’homme qu’elle devait protéger. Elle avait bien sortie son pistolet, mais elle savait déjà que c’était trop tard. Croisant le regard de l’homme qui venait de poignarder le ministre allemand, elle l’entendit murmurer des mots en chinois. Pour avoir déjà eu affaire à Tao plusieurs fois, elle avait tout à fait compris. Trop lente. En effet, bonne remarque. Elle vit le corps presque inerte du haut dirigeant et elle réussit à le rattraper avant que le corps ne tombe lourdement sur le sol. Elle pria intérieurement pour que le reste de la brigade et des académiciens mette la main sur ce type, en tout cas son visage restait gravé dans sa mémoire. Elle se maudit de nouveau et comprit rapidement que ça ne servait absolument à rien d’essayer de tenter quoi que ce soit pour sauver l’homme qu’elle tenait. Son poids l’avait clouée au sol et son arme lui était tombée des mains. Elle jeta un coup d’œil à Venom qui avait été un peu happé par la foule, foule qui d’ailleurs était dans l’hystérie générale. De toute façon, c’était fini. Elle avait bien remarqué que les documents avaient disparu. Les terroristes venaient de gagner cette manche et la guerre qui avait été longtemps cachée serait sans doute dévoilée au reste de la Corée et du monde par cet événement dramatique. Elle savait déjà qu’elle allait en prendre pour son grade en rentrant à la brigade et rien que pour ça elle maudit l’assassin du ministre allemand. Il n’avait pas intérêt à tomber entre ses mains. Soo Mee qui était d’habitude peu agressive était plutôt bien remontée. La soirée avait été une catastrophe nationale et cela lui laissait un goût amer dans la gorge. Elle allait s'en souvenir longtemps de cette soirée.

Gaïa commençait à s'impatienter. Il s'avérait qu'il était un peu trop dur d'approcher d'un coup le premier ministre, des gardes partout à l'extérieur et intérieur de la pièce. Il ne restait plus qu'à prier qu'Anathéma trouve une solution parce que dans son cas, elle était dans l'impasse, surtout avec ce soldat qui la toisait sans une seconde d'arrêt. Il l'agaçait. Mais bien heureusement, l'heure du dénouement arriva. Elle ne put s'empêcher de sourire à son tour en voyant les lèvres étirées de son petit protéger et en le voyant se jeter sur sa proie. Quelle bande de limace ces gentils petits soldats, le joli anathéma en avait déjà fini avec le ministre et les documents qu'ils venaient de comprendre ce qu'il se passait. Elle l'avait laissé passer en premier, ne le quittant pas du regard, il fallait qu'elle couvre ses arrière après tout. Désormais, il était l'heure pour elle de filer à son tour et le plus discrètement en marche rapide elle se dirigea vers une issue de secours, non inscrite sur les plans du bâtiment et que sûrement les brigadiers n'avaient pas remarqué. Seulement elle se sentait suivie alors elle commença à sourire. Et les bruits de pas derrière elle ne faisait que confirmer son intuition, c'était sûrement ce soldat qui la suivait. Elle se retourna vers lui, le coeur qui palpitait à vive allure, elle avait quelque peu peur, surtout lorsqu'elle vit qu'il commençait à braquer son arme sur elle. Alors s'est d'instinct qu'elle sortit son beretta et qu'elle lui tira dessus. Pas le temps de savoir si elle avait touché une partie vitale, elle se remit à courir pour prendre la fuite, les terroristes avaient remporté!

L'académicien eu l'autorisation de s'occuper de la jeune femme suspecte. D'ailleurs elle remarqua très vite l'attention qu'il lui portait. Elle lui offrit un faux sourire. Le brun avait grandit dans un monde fait d'émotions simulées, il discernait rapidement le vrai du faux. Ce qui donna à la jeune femme un air encore plus suspect. Il ne comptait définitivement pas la lâcher du regard. il suivait ses moindres faits et gestes et si elle bougeait il passait à l'action. Il n'aurait pas été contre un peu plus de renfort, mais tout le monde était trop occupé. Chaque agent fût averti que l'échange de document s'était bien déroulé et que les ministres s’apprêtaient à sortir. Jusque là les renforts n'étaient pas si importants. Erreur ! Un des terroristes venait d'entrer en action et alors que tout le monde s'agitait dans tous les sens et se précipitait vers les ministres, Gunslinger ne se laissa pas distraire. Il se mit à suivre la suspecte, la main sur son arme, prêt à tirer en cas de besoin. Il braqua son arme sur elle à la seconde où elle se retourna. Visant la tête par habitude. Sauf que là il la fallait vivante. Vu ce qu'il venait de se passer il fallait qu'elle parle. Et l'instant où il baissa légèrement son arme pour viser un point qui l'immobiliserai elle sorti son arme cachée et tira sans viser. Une chance pour lui. La balle se logea non loin de son épaule, sous sa clavicule. Il tira à son tour mais l'impact de la balle ennemie le fit reculer de quelques pas. Et lui fit dévier la trajectoire et lâcher son arme. La balle se perdit quelque part dans la porte de sortie. Et le brun tomba à genoux sous la douleur. Surtout sous la douleur de la défaite ; les terroristes avaient gagné sur tous les points.

Inquiète de voir le regard perçant de Je Hun se poser sur cette femme inconnue, la belle Rubì ne put s'empêcher de les fixer à son tour. Elle fut tellement prise dans son observation qu'elle en oublia tout le reste. Belle faute puisque la mission fut un échec! Peut-être que si elle avait été plus professionnelle, elle aurait pu réagir et arrêter ce terroriste avant qu'il ne tue le Ministre Allemand. Mais il paraissait que Gunslinger avait chopé un gros poisson lui aussi. La femme qu'il fixait s'était enfuie à son tour et le sergent décida de les suivre. Et qu'elle bonne idée eut-elle! Deux coups de feux retentirent et son coeur ratta un battement. Elle courut jusqu'à la provenance du bruit et se stoppa sous le choc. Je Hun, à terre, du sang sur lui.

-Mon dieu!

Elle courut vers lui, quelque peu paniquée! Elle vérifia son état avant de commencer à lui prodiguer les premiers soins et d'appeler des secours via son talkie-walkie

-Soldat à Terre, je répète Soldat à Terre! T'en fais pas Je Hun, on va te soigner hein!

Elle dût retenir avec force les larmes qui tentaient de percer la barrière de ses orbes noisettes et resta aux côtés du jeune homme jusqu'à que les secours arrive, une amer sensation en bouche: celle de la défaite, de la honte et de la peur. Les terroristes avaient gagné une bataille, mais il était certain qu'ils ne remporteraient pas la guerre, parole de Chae!